26 septembre 2017 La psychiatrie publique en grève partout en France

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Non la Psychiatrie n’est pas un marché comme un autre
Défendre les moyens de la psychiatrie,
c’est d’abord défendre la Sécurité Sociale.

La pression budgétaire infligée aux hôpitaux touche de plein fouet les établissements psychiatriques : fusions de secteurs, intégration de la psy dans les GHT, suppressions de lits, suppressions d’unités, fermetures de foyers, de Centres médico-psychologiques (CMP), d’hôpitaux de jour, nouvelles organisations de travail… Pas un établissement psychiatrique n’y échappe.
C’est pourquoi la journée de mobilisation du 26 septembre avec rassemblements/manifestations devant les ARS est une manière, de mettre la psychiatrie sur le devant de la scène.
Faire reconnaitre la spécificité de la psy au travers de toutes ces luttes, c’est aussi revendiquer une identité budgétaire pour la psychiatrie, une sanctuarisation de ses budgets.

Pour mémoire, le financement de la psychiatrie est en majeur partie lié à la Dotation Annuelle de Financement (DAF). Ces fonds issus de L'Objectif National de Dépenses d'Assurance Maladie (Ondam) réparti par le ministère via les ARS. Cette DAF a des caractéristiques très différentes de la Tarification à l’activité (T2A) des soins généraux puisqu’elle est versée pour une très grande partie vers la fin du premier trimestre (et complétée jusqu’à la fin de l’année). Il s’agit donc d’une enveloppe « sûre » dans le budget des hôpitaux, des CHU (qui ont un service de psy) et dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui ont des hôpitaux psy. La crainte est de voir les financements psy déviés de leurs objectifs initiaux ce que nous avons vérifié à maintes reprises.

A noter, que dans le cadre de la politique d’austérité, cette DAF est gelée pour 3 ans. Ses modalités de distribution ont été revues récemment (DAF différenciée). Il s’agit d’une péréquation régionale entre les établissements psy de la région en s’appuyant sur des critères aussi variés que l’activité, la démographie, les appels à projets…qui en fait, met en place une concurrence dans le cadre d’une enveloppe fermée.

Les budgets des hôpitaux psychiatriques  ont la particularité d’être constitués à plus de 85% par la masse salariale. La tentation d’une baisse des qualifications ou d’une diminution du nombre d’agents est grande et souvent concrétisée. Alors que les équipes ont besoin de compétences, de temps et de stabilité pour construire les projets, organiser les réseaux et pour répondre aux besoins.

La formation initiale n’est plus adaptée à la pratique de la psychiatrie. Les infirmiers ne sont plus « psychiatriques » depuis 1992 et les psychiatres n’ont souvent plus de formation en psychopathologie ; leur formation devient médicale, somatique, médicamenteuse, cognitiviste et comportementaliste. Pour y pallier, de nombreux établissements ponctionnent le budget de la formation continue, déjà amputé par les formations obligatoires : informatisations diverses, hygiène, etc ….commandes de l’ARS. Au final, les formations qui permettent d’affiner l’approche et le soin des patients, se réduisent comme peau de chagrin.
Pour réduire le budget de la santé, depuis quelques décennies, le gouvernement s’emploie à réduire l’offre, qui devrait en conséquence, réduire la demande de soins. Mais, rien n’y fait, les citoyens tiennent à leur santé ; les problèmes sociaux explosent ; la demande, non seulement se maintient, mais progresse.

L’autonomie, la prévention, le savoir-faire mis en œuvre dans la mise en relation du patient et du soignant, primordiale en psychiatrie, sont de plus en plus déniés, au profit de protocoles mécaniques, dépersonnalisants et standardisés, informatisés, relayés entre autres par la Haute Autorité de Santé, dont les membres sont désignés unilatéralement par le gouvernement et le parlement, plutôt qu’élus par les personnels de terrain et les citoyens. Les malades mentaux ne sont plus des personnes, mais des codes diagnostiques. Comme le disait jadis un pédopsychiatre : « Le corps est dans le lit, le cas est dans le dossier, mais où est le patient ? ».

L’austérité budgétaire contribue au virage sécuritaire.
En effet, un détenu « coûte » environ 4 fois moins cher qu’un patient en psychiatrie….difficile de ne pas faire le lien avec la suppression de plusieurs dizaines de milliers de lits d’hospitalisation en psychiatrie (en 10 ans) et la volonté de créer 40 000 places de prison !  Ces choix « pragmatiques » ont des conséquences dramatiques : entre autres l’amalgame malades psy, dangerosité et maintenant terrorisme.
Nous tenons ici à dénoncer fermement cette dérive  qui ne s’appuie sur aucun fondement scientifique.

Les patients sont bien sûr les premiers à payer la note. Aujourd’hui les considérations comptables occultent complètement les éléments soignants et sociétaux. Par exemple, un taux de remplissage élevé, une durée d’hospitalisation courte sont des signes d’efficacité pour les ARS, mais malheureusement bien souvent synonymes d’une dégradation de la prise en charge voire de maltraitances pour les patients et les soignants. Cependant la pression est toujours plus forte, il faut faire du chiffre, la structuration soignante des projets devient secondaire.

Pour la CGT, la psychiatrie est un élément constitutionnel de notre société, elle participe de fait à sa cohésion. L’orientation de la psychiatrie appartient au peuple et fait l’objet d’un financement basé sur la solidarité national (via la Sécurité Sociale). Nous militons pour une psychiatrie humaniste qui s’appuie sur les fondements même de la Sécu : être soigné selon ses besoins et cotiser selon ses moyens.
La CGT milite :
• Pour une loi d’orientation de la psychiatrie qui après avoir fait le constat de la situation détermine démocratiquement des choix de société, des orientations et donc des moyens pour y parvenir.
• Pour  défendre une psychiatrie qui ne soit pas asservie à une logique comptable et sécuritaire mais au contraire une psychiatrie prenant en compte les besoins de la population en s’appuyant sur plus d’un siècle d’évolution qui petit à petit a offert aux patients des droits, une reconnaissance de patient à part entière.
• Pour une reconnaissance des professionnels de la psychiatrie : formation initiale, salaires, condition de travail.