Profitant du contexte de crise sociale et de mobilisation autour du dossier des retraites, le gouvernement s’active discrètement en vue des prochaines réformes qui détruiront ce qu’il reste de notre système de santé …
Réforme des urgences, fermeture de maternités et d’hôpitaux de proximité, fermeture de lits dans le secteur public, … sont déjà dans les tiroirs du Ministère !
Tout est déjà prévu pour nous expliquer qu’il n’y a désormais plus d’autres choix que de nous diriger vers un système de santé « à l’américaine » avec une santé à 2 vitesses où la part belle sera faite aux établissements du privé lucratif, aux structures libérales et au recours aux assurances privées pour être pris en charge de ses (chers) frais de santé.
La COVID avait révélé au grand jour l’affaiblissement de notre Hôpital Public mais elle avait aussi permis de démontrer toute son impérieuse nécessité comme pilier des soins !
S’en étaient suivies des déclarations d’amour du Président MACRON sur fond de « plus jamais ça, j’ai compris … »
Or, en 2023, le constat est accablant :
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aucune considération pour la pénibilité des métiers du soin et du lien qui vont devoir subir une réforme des retraites obligeant les professionnels à travailler plus longtemps (alors que 30% des aides-soignants et 20% des infirmiers sont en inaptitude vers 50 ans),
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aucune remise en cause de ParcourSup qui génère des inscriptions « à défaut » dans les IFSI et IRTS avec in fine, un taux d’abandon en cours de cursus de l’ordre de 25%,
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un plafonnement (à juste titre) des rémunérations de l’intérim médical avec la loi RIST mais qui met en péril les structures publiques de proximité et accélère la fuite des médecins vers le privé, sans régler pour autant la question de l’attractivité de l’Hôpital Public ni celle des salaires beaucoup trop faibles,
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un financement public loin d’être à la hauteur, avec des budgets toujours limités par l’ONDAM (en dessous de l’inflation), ce qui provoque inévitablement des coupes à la fois dans les dépenses en personnels et dans les prises en charge,
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des pénuries inacceptables de médicaments,
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des projets de fermeture de petites maternités suite au rapport VILLE, commandé par le gouvernement au prétexte fallacieux d’un « manque de sécurité pour les parturientes »,
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des projets d’aides pour l’ouverture massive de nouvelles maisons de santé (donc du libéral) au lieu de travailler pour la création de centres de santé publics pluridisciplinaires gérés par l’Hôpital ou les collectivités avec des professionnels salariés voire fonctionnaires,
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une santé mentale des jeunes de plus en plus préoccupante (consommation d’antidépresseurs, anxiolytiques et autres psychotropes en hausse ces dernières années) alors que les moyens alloués à la pédopsychiatrie, à la médecine scolaire et universitaire sont, quant à eux, plus qu’insuffisants !
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une récente proposition de loi au Sénat qui parle de remettre en cause l’Aide Médicale d’Etat,
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des EHPAD, des structures sociales et médico-sociales dans les secteurs du handicap, de la protection de l’enfance, de la grande précarité, … qui continuent à souffrir du manque de personnels, de l’absence de revalorisations salariales, d’une perte de sens et d’un turn-over inquiétants,
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ET plus localement :
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des hôpitaux publics qui généralisent le passage de leurs parkings en mode payant pour les usagers,
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des centaines de postes soignants toujours vacants dans nos hôpitaux publics et des départs qui se poursuivent (reconversions, démissions, …),
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la fermeture des urgences de Gentilly pour, essentiellement, des raisons de rentabilité pour le groupe ELSAN, mais avec des conséquences réelles en termes de surcharge de travail pour les urgences du CHRU de NANCY,
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des services de psychiatrie publique en grand manque de moyens (lits, personnels, structures de consultation de proximité, …) mais une clinique privée du toulois qui refuse et renvoie même ses patients vers le CPN …
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Nous sommes donc bien, dans les faits, en marche vers une privatisation et une marchandisation sans limites !
Le gouvernement « enfume » avec sa communication autour du CNR Santé mais on commence à connaître la méthode (Gilets Jaunes, Convention Citoyenne Climat, …)
L’illusion est donnée à certains que « la porte est ouverte aux discussions » mais tout est déjà ficelé à l’avance et c’est justement ce que nous dénonçons !
Il est grand temps d’élargir les luttes dans ce pays pour obtenir un changement de cap salutaire !
Pour un grand service public de la santé et de l’action sociale, la CGT revendique :
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des budgets à la hauteur des besoins de la population et des enjeux de santé publique,
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un monopole public de la santé, de la recherche et du médicament,
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la nationalisation de tous les grands groupes de santé du privé lucratif et leur mise à contribution immédiate dans le cadre d’un grand service public de la santé pour prendre en charge les usagers partout sur le territoire, quels que soient les coûts ou pathologies,
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la création de 100 000 postes dans la santé, 200 000 dans les EHPAD et l’aide à domicile et 100 000 dans le secteur social,
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l’arrêt immédiat de toute suppression de postes et de lits, de tout projet de fermeture de structures de proximité,
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un travail urgent autour de la formation initiale de nos métiers, sur l’accueil des jeunes professionnels, leur tutorat, le management, l’analyse réflexive des pratiques, … mais aussi sur les grilles salariales et la pénibilité.
Nous appelons les usagers de notre système de santé et d’action sociale (autrefois l’un des meilleurs au monde) à interpeller leurs élus locaux, leurs députés, …pour porter une véritable ambition pour la Santé et la protection sociale de demain !
Sur le terrain, nos militants CGT sont disponibles pour convenir avec les salariés et les usagers de toutes actions à mettre en place.