Rapport COUTY sur les missions et l’organisation de la psychiatrie

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La refonte de la psychiatrie envisagée dans les recommandations du rapport fait exploser l’organisation spécifique de la psychiatrie publique. La mort de la politique de secteur dans sa double dimension de proximité et de continuité des soins est programmée.
En proposant un parcours de soins organisé de manière graduée en 3 niveaux indépendants, le rapport instaure une fracture entre l’intra-hospitalier et l’extra-hospitalier, conduisant au morcellement de la prise en charge.
La redéfinition du secteur psychiatrique, par la création de groupements locaux de coopération regroupant tous les acteurs de la santé mentale et de la psychiatrie publique, privée, médecins libéraux, généralistes, mais également les différents champs sanitaire, social et médico-social, les associations et les collectivités territoriales, signe une fois de plus le désengagement des pouvoirs publics. Le privé se trouve dans une position de choix lui permettant d’accaparer des missions qui relèvent du service public.
Le rapport COUTY propose d’accélérer la marchandisation de la psychiatrie et de la santé mentale. La fusion des établissements de santé, privés et publics, avec rapprochement des structures psychiatrique et somatique au sein des communautés hospitalières, est préconisée.
Malgré les effets pervers et désastreux de la tarification à l’activité en médecine chirurgie obstétrique dénoncée par de nombreux acteurs hospitaliers, l’accélération de la mise en place de la tarification à l’activité en psychiatrie est souhaitée pour être effective en 2010-2011. La volonté de réduire à une succession d’actes le travail en psychiatrie s’accompagne d’une remise en cause de nos pratiques et de la dimension relationnelle du soin.
Les problèmes de manque de places et de lits en psychiatrie sont ignorés. La question de la démographie médicale et paramédicale n’est traitée que sous l’angle d’une nouvelle répartition des tâches, des champs de compétence et des responsabilités des différents métiers. Pour cela, le rapport envisage d’expérimenter différentes formules de coopération entre les psychiatres et les infirmiers, entre les psychiatres et les psychologues, sans référence aux règlementations en vigueur et donc en institutionnalisant les glissements de tâches.
La CGT rejette les propositions du rapport COUTY qui sont en lien direct avec la loi HPST. Les recommandations ne répondent pas aux attentes des professionnels, au contraire elles vont aggraver leur situation et dégrader les conditions de prise en charge des patients.
Notre organisation syndicale réclame une loi spécifique à la psychiatrie construite à partir d’une réelle concertation de l’ensemble des partenaires de la communauté psychiatrique, afin de garantir une réponse sanitaire de haut niveau aux besoins des usagers de la psychiatrie.